Lorsque je fais une visite d’exposition avec mes enfants, j’aime les laisser découvrir avec leur sensibilité, portés par un radar bien spécifique à chacun d’eux. Que l’on soit dans un centre d’artistes, au musée ou qu’on assiste à une pièce de théâtre.
Je trouve qu’avec les enfants, on peut pleinement mesurer l’importance et l’impact que la culture peut avoir sur un humain, selon son niveau d’éveil, d’ouverture et d’accompagnement.
Cet été, nous avons fait la visite du nouveau pavillon Pierre Lassonde au Musée National des Beaux-arts de Québec. Pour mon fils de 6 ans, l’expérience passait par tous ses sens en même temps, ce qui impliquait que nous devions passer en courant devant certaines œuvres trop inquiétantes pour lui.
L’œuvre qui a le plus captivé ma petite troupe (les trois!) est l’installation vidéo d’une performance où de grandes pièces de verre sont fracassées au sol, puis ramassées avec des balais. Contemplative, simple, énigmatique, et aussi le genre d’œuvre qui peut laisser plutôt perplexe un esprit trop formaté.
Bien sûr, il m’arrive de soulever délicatement leur attention sur un détail, une couleur, une œuvre qui me fait rire ou me touche, mais règle générale, je laisse surtout les choses s’opérer de la manière la plus naturelle qui soit.
La graine est semée, comme le dirait ma bonne amie Julie.
Germination
J’en ai encore eu la preuve récemment, grâce à la pièce de théâtre pour enfants Rosépine, produite par le Théâtre les Amis de Chiffon, que nous avions vue en 2015. C’est une œuvre théâtrale édifiante pour les enfants. À travers une petite fille qui désire consoler des habitants touchés par un tsunami, l’auteur, Daniel Danis, s’adresse à leur intelligence et à leur coeur.
« Enfin ! » m’étais-je dit, fort enthousiaste à l’idée d’aller voir cette pièce et de sortir de la tyrannie du divertissement pour les enfants. Mais j’avais mal jaugé la capacité à être empathique de mes enfants. Coup de chance, c’est la metteure en scène elle-même, assise à côté de nous dans la salle, qui a accueilli avec justesse et générosité leurs débordements d’émotions. Dans ce contexte, mes deux grands (4 et 5 ans à ce moment) ont vécu cette pièce comme un véritable voyage intérieur, apprenant au passage sur la diversité des larmes.
Près de deux ans plus tard (deux longues années pour sa courte vie), ma grande de 7 ans (« et demi ! ») arrive avec un dessin. Trois larmes dessinées. Un dessin surprenant. Le temps avait fait son œuvre, délicatement, avec soin, dans la lumière de son monde intérieur. Elle m’explique la signification de son dessin : « C’est un œil qui pleure. Ça, c’est trois sortes de larmes. Une de peine qui fait du bien, une autre qui ne fait pas de bien et celle-là c’est une larme d’amour et de joie !». Je cherche un moment dans ma tête le référent qui me semble soudainement connu. Sans même qu’elle s’en rende compte, Rosépine ressortait en éclairant de tous ses feux des réflexions sur les émotions ! Ai-je appuyé sur ce lien ? Non. J’étais beaucoup trop subjuguée de voir l’art (l’expérience esthétique comme l’aurait dit Michael La Chance) faire son travail, non pas par la tête et les réflexions, mais bien par le cœur et les sentiments qui l’accompagnent.
Voilà un événement qui montre fort bien comment l’art agit sur chaque personne qui se donne la liberté de mettre de côté ses à priori.
C’est aussi de cette manière que l’on a choisi d’enseigner à nos enfants. En sélectionnant au mieux les graines que l’on sème et en leur donnant des conditions pour que le soleil de leur quotidien fasse exploser le plein potentiel de leur personnalité. Est-ce que l’on vérifie toujours les acquis ? Non. On garde un œil par curiosité et on se laisse surprendre par ce qui va sortir de terre afin de respirer ces essences colorées et pétillantes !
Finalement, qu’est-ce qui ressortira de notre dernière visite au Musée? Je n’en sais encore rien, mais je sais qu’il y a en terre une quantité de petites graines, variées, truculentes, profondes, toutes prêtes à voir le jour le moment venu.
J’ai envie d’en profiter pour remercier les institutions muséales qui, depuis quelques années, se tournent vers les enfants et les familles, offrant des lumières pour ces citoyen.ne.s de demain. Parfois par leur contenu qui ne nivelle pas par le bas parce qu’on s’adresse à un jeune public, parfois par l’accueil (cette préposée à la réception du MNBAQ qui s’est déplacée pour nous montrer une œuvre que mon fils pourrait aimer !), ou encore par des espaces qui nous facilitent la vie (les merveilleuses tables au Musée de la civilisation pour notre petit lunch !). Notons finalement au passage les œuvres de manipulation qui s’adressent à tous les sens et sans aucun doute à mon fils Miko !
Et vous, avez-vous des sorties culturelles coup de cœur avec les enfants ?
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NOTA BENE
Un article que j’ai publié pour l’inspirant site TA TRIBU.
“Ta Tribu, c’est le bouche-à-oreille entre parents, partout au Québec! Consultez des avis et des commentaires de parents d’ici. Sur des activités et des entreprises d’ici. […] Ta Tribu, c’est aussi une communauté de parents qui s’inspirent à passer de beaux moments avec leurs enfants. Découvrez les coups de cœur, les aventures et les découvertes de notre équipe de blogueurs de partout au Québec.”
Les présentations sont maintenant faites!